Conseil Croisière

L’arrivée à Safaga et l’embarquement sur notre bateau, le Dream’s, ont été matinaux mais il nous suffit de passer la tête sous l’eau à notre première plongée pour oublier la fatigue du voyage et faire une croix sur Paris et sa grisaille hivernale.La plongée de réadaptation s’effectue sur Gota Abu Ramada, gota en arabe signifiant petit récif circulaire. Ce récif, pas si petit que ça d’ailleurs, est presque affleurant et ne descend qu’à une quinzaine de mètres ce qui en fait un site parfaitement adéquat pour une première immersion après la (trop) longue pause de l’hiver. La faune y est très nombreuse et variée. Un gros banc de lutjans nous accompagne presque toute la plongée. Tous les petits poissons de récif sont au rendez-vous et se dandinent tranquillement dans le courant. Les parents clowns nous font les gros yeux, les demoiselles bonbon et domino courent partout comme d’habitude en grignotant des salpes, et les gros poissons croco eux… ne font pas grand-chose tout en ayant l’air très fatigués. Bref la Mer Rouge n’a pas trop changé en quelques mois et c’est tant mieux ! En fin de plongée, un gros napoléon qui fait son timide nous évite soigneusement tout en nous observant du coin de l’œil.
La deuxième plongée ce fait au crépuscule à Gota Sha’ab El Erg, quand les petits poissons commencent à aller se coucher et que les carnassiers se font un casse-croûte avant que la nuit tombe. La faune est la même que pendant la journée mais l’ambiance est complètement différente, quelques perroquets sont déjà couchés sur le flanc entre les coraux, les nurseries de clowns et de demoiselles ne sont plus le lieu d’une agitation frénétique et les petites murènes tatouées sont encore dans leur trou mais plus pour longtemps. Au bout d’une heure l’appel de l’apéro se fait trop pressant et le gros tétrodon posé sur le sable juste sous le bateau à beau rouler des yeux tant qu’il veut, il n’arrive pas à nous retenir. Les soirées à bord sont une des joies des croisières, c’est tellement plus sympa que de se retrouver à l’hôtel !

Une nuit passée dans notre cabine confortable et nous revoilà dans l’eau (à 6h30 quand même…ça réveille !), pour aller explorer notre première épave : le Carnatic. Ce steamer anglais qui a fait naufrage en 1869 naviguait grâce à une propulsion mixte. Il possédait donc à l’origine une cheminée à vapeur et deux immenses mâts en bois. Malheureusement, il est désormais difficile de deviner la magnifique ligne de ce bateau, toutes les parties en bois ont disparues. Les mâts et tous les planchers ont été grignotés par la mer qui ne nous a laissé que la structure métallique du navire. Du coup, la taule toute nue c’est quand même pas très joli et on est bien content que les coraux, les alcyonnaires et les madrépores, entre autres, se soient donné un mal fou pour coloniser le moindre petit bout d’espace libre. Un grand merci également aux innombrables glassfish qui égayent l’intérieur de la coque.
L’épave suivante, le Giannis D, a percuté le même récif de Sha’ab Abu Nuhâs et se trouve donc non loin du Carnatic. Cette épave, coulée en 1983, est beaucoup mieux conservée et particulièrement intéressante pour ceux qui aiment se balader à l’intérieur des compartiments d’habitation, ou dans la salle des machines. Moins concrétionné que le Carnatic, l’extérieur de la coque abrite quand même pas mal de faune et les nuées d’anthias sont toujours là pour ajouter quelques touches de couleurs. D’énormes alcyonnaires ont également colonisé l’épave et offrent aux regards une magnifique palette de teintes allant du blanc au rouge vif, en passant par toutes les nuances de rose et de violet. Nous finissons la plongée le long du récif et un gros banc de barracudas juvéniles nous fait patienter sous le parachute.
La nuit est maintenant tombée et nous plongeons à Sha’ab Ali, un récif du Golfe de Suez. A peine arrivés au pied du récif, à -15m, et on aperçoit une serpentine à bandes qui se faufile à travers les coraux. Les faisceaux de nos phares n’ont pas l’air de la mettre de bonne humeur alors nous passons notre chemin, la laissant à sa chasse nocturne. Un peu plus loin c’est une murène tatouée qui doit avoir un petit creux à en juger par l’énergie qu’elle déploie pour essayer d’attraper une petite proie invisible à nos yeux. Les crustacés et les mollusques sont également au rendez-vous. Un gros poulpe rouge à rater son camouflage en se posant sur du corail blanc, des crabes bombés de taille impressionnante reculent dans leur faille à l’approche de nos lampes, tout comme les ophiures dont on a à peine le temps de deviner le bout des bras. On repère un gros sillon dans le sable, encore quelques coups de palmes et on retrouve son auteur, un triton géant pas très pressé. Ces yeux sortent de sous sa grosse coquille mais à la moindre alerte il rentre tout entier dans sa maison et plus un bout d’antenne ne traîne.Le lendemain nous attendent les plongées tant attendues sur le Thistlegorm, l’épave mythique de la mer rouge. Les fans de ferraille vous venteront les innombrables trésors que recèlent les cales de l’épave, des dizaines de motos, des milliers de bouteilles, des centaines de pneus et même … des camions. Mais le plus fascinant sur le Thistlegorm, c’est qu’il abrite une profusion de vie absolument incroyable. La coque est pleine de chromodoris pyjama et de syngnates. Les anémones sont également présentes, tout comme leurs propriétaires si mignons. Murènes, poissons croco, tétrodons à points bleus, station de nettoyage de labres bleus, chaque centimètre de la coque recèle une petite (ou une grosse) bête.Et que dire des bancs de poissons qui forment des nuages opaques au niveau des superstructures. Des millions de poissons ondulent dans un bel ensemble au-dessus de l’épave. Un banc de magnifiques platax tourne autour des plongeurs d’un air curieux. De grosses carangues et un thon à dent de chien chassent dans les bancs de plus petits poissons les obligeant à resserrer les rangs. On peut passer toute la plongée en leur compagnie sans s’ennuyer une seule seconde. Le Thistlegorm est fait pour tous les plongeurs, l’épave en elle-même est très belle et possède un intérêt historique formidable en raison de sa cargaison, mais les allergiques à la taule y trouvent également leur bonheur, éblouis par la densité et la variété de la faune rencontrée. Le site mérite donc plusieurs plongées pour ne pas être obligés de choisir entre les cales et les écailles !La carcasse d’une petite barge nous attend pour une plongée du crépuscule, à Bluff Point, sur le récif de l’île Small Gubal. La barge en elle-même ne présente absolument aucun intérêt, mais elle abrite nombre de poissons lions et murènes de toutes sortes. Deux murènes géantes absolument énormes sont enlacées le long de la coque, elles sont tellement vieilles que leur peau est toute fripée, absolument pas agressives et à moitié à découvert elles posent comme des stars devant nos appareils. La plongée se prolonge le long du récif où l’on croise des bancs de poissons flûtes.